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Une vie au service du machinisme agricole

Une vie au service du machinisme agricole
Article publié le : 02/06/2025
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Une vie au service du machinisme agricole

Une surprise de taille pour un départ en retraite réussi ! Le 25 avril dernier Pierre-Yves Caput et toute l'équipe Pagot Caput ont célébré sa retraite dans la bonne humeur autour d'un buffet partagé.

Avec dix bases réparties dans les départements de Haute-Saône, du Doubs, du Territoire de Belfort et des Vosges, et leur longévité, les établissements Pagot Caput sont un acteur régional incontournable du machinisme agricole. Un solide ancrage géographique, inscrit dans la durée, qui doit beaucoup à la clairvoyance de ses dirigeants. Le départ en retraite de Pierre-Yves Caput, qui a assuré la direction de l’entreprise familiale depuis 1998 jusqu’à ces dernières semaines, nous donne l’occasion de revenir sur des décennies de profondes mutations du monde agricole… qu’ont accompagné et rendues possibles les évolutions du secteur du machinisme.

 

Une histoire familiale ancrée dans le territoire

« J’ai rejoint l’entreprise alors dirigée par mon père en 1980, après un brevet de technicien agricole… à vrai dire j’y avais déjà travaillé avant, depuis mes 14 ans, pour gagner un peu d’argent. Mon projet original, c’était plutôt la cuisine… mais mon père ne m’a pas laissé le choix. », se souvientil. Il faut préciser que la concession s’inscrit dans une lignée familiale. « Elle remonte à Jean-Pierre Pagot, maréchalferrant à Villersexel en 1816… Quatre générations plus tard, Maurice Pagot fonde la première concession spécialisée dans le machinisme agricole. Le siège social passe à Vesoul dans les années 20 et l’entreprise, transmise au gendre de Maurice, Jean- Marie Caput, devient “Pagot-Caput”. C’est mon grand-père ! », relate le jeune retraité, en parcourant la galerie des portraits de ses prédécesseurs, sur le mur de son bureau.

 

Une croissance au rythme des mutations agricole

D’abord magasinier, puis représentant, puis responsable de la base de Villers-la- Ville, puis responsable de la base de Gray suite à l’acquisition de celle-ci en 1990, Pierre-Yves Caput a exercé plusieurs métiers au cours de sa carrière. En 1998, il succède à son père Daniel à la tête de l’entreprise. « Nous étions alors 48 personnes, pour un chiffre d’affaires de 18 millions d’euros, 3 000 références. Aujourd’hui Pagot-Caput emploie 185 salariés, pour un chiffre d’affaires de 85 millions d’euros, avec plus de 50 000 références. Dans le même temps, tout s’est beaucoup complexifié, au niveau technique, technologique, informatique… » Cette croissance s’est appuyée sur des achats successifs de concessions, mais aussi des choix structurants. « En 1984, nous nous sommes implantés dans le Doubs en reprenant les activités Massey Ferguson à Larnod, et nous sommes devenus concessionnaire Renault Agriculture, CLAAS et Kuhn pour la Haute-Saône et le Doubs. Déjà nous avions pressenti le mouvement de restructuration de l’agriculture – à l’époque une exploitation de 30 ha avec 30 vaches était une grande exploitation – et les conséquences de cette restructuration sur les besoins en machinisme. Il nous fallait suivre l’évolution de nos clients ! »

 

Des choix stratégiques face aux évolutions du secteur

À l’amont aussi, le paysage des constructeurs agricoles subit de profondes mutations. « Les choix de John Deere, le leader, imposent leur logique à toute la filière », analyse Pierre- Yves Caput, avant de revenir sur la plus importante décision qu’il a eu à prendre au cours de sa carrière, opter pour CLAAS au début des années 2010. En devenant concessionnaire exclusif de la marque. « Cela a nécessité de longues discussions, qui ont débouché par le rachat en 2014 de l’ancien CLAAS Réseau Agricole à Harol dans le département des Vosges – c’est la deuxième plus grosse base du groupe – qui élargit notre assise géographique, en cohérence avec notre positionnement sur la zone de polyculture-élevage. C’est aussi le choix d’un constructeur fiable, reconnu pour ses performances et sa gamme automotrice (moissonneusesbatteuses et ensileuses), avec un mode de gouvernance qui nous laisse un accès direct aux décideurs. » Un choix qui, avec le recul de dix années, s’est effectivement avéré judicieux.

 

Le service, pilier de la relation client

Autre évolution stratégique du secteur, le développement du service. « Ça a toujours été déterminant, compte tenu des spécificités du monde agricole. La réussite des opérations culturales et de récoltes est très liée aux impératifs météorologiques, alors il faut pouvoir compter sur des machines fiables, un atelier et un service de pièces détachées réactifs. » Pour rester dans la course, la formation continue du personnel est incontournable. « Ici, ça fait partie de la culture de l’entreprise, et pas que pour les mécanos… même ceux qui s’occupent de fonctions support, comme le marketing ou les ressources humaines y ont droit ! » Mais avant tout, Pierre- Yves Caput mise sur une ambiance de travail sereine. « Sans cohésion sociale, si on a des employés perdus, qui ne savent pas pourquoi ils sont là, ça ne peut pas fonctionner. On met tout en oeuvre pour garder un esprit familial. » Le machinisme agricole fait d’ailleurs partie des secteurs dits en tension. « Tous les délais de recrutement sont allongés, même si on finit par trouver… mais entre-temps le travail doit quand même être fait », reconnaît le dirigeant. L’apprentissage est un bon mode de recrutement, bien adapté à nos métiers, et nous y avons beaucoup recours.

 

Un secteur en mutation : défis et perspectives

Le secteur du machinisme agricole connaît actuellement des mutations profondes. Après trois années de croissance record, les ventes d’agroéquipements en France ont atteint 9 milliards d’euros en 2023, représentant 65 % de l’investissement agricole national. Cependant, un ralentissement s’amorce, avec une baisse estimée de 15 % en 2024, due à des facteurs conjoncturels et structurels. Parallèlement, la transition écologique impose de nouveaux défis. La décarbonation du parc de machines, majoritairement alimenté par des combustibles fossiles, devient une priorité. Des innovations telles que l’agriculture de précision, l’utilisation de drones et de capteurs, ainsi que le développement de machines plus légères pour préserver les sols, sont en cours de déploiement. Ces évolutions nécessitent une adaptation constante des concessionnaires, tant en termes de compétences que d’investissements, pour accompagner les agriculteurs dans cette transition vers une agriculture plus durable et technologiquement avancée.

Une relève assurée pour l’avenir

Après une carrière bien remplie, riche en voyages professionnels lointains et en rencontres – l’exercice de responsabilités au SEDIMA1 par exemple – Pierre-Yves Caput peut se retirer serein. « Il y a 10 ans, mes deux garçons ont abordé le sujet spontanément… ils étaient intéressés pour revenir dans l’entreprise… Ce qui est pas mal c’est qu’ils n’ont pas le même métier : Pierre Elliot a fait des études dans la finance, et il est parmi nous depuis quatre ans au contrôle de gestion, et Charly, après son apprentissage, est dans l’entreprise depuis plus de 10 ans, sur la partie commerce. Ils vont pouvoir partager la direction générale en étant complémentaires sur les parties administratives et financières pour Pierre Eliott, commerce et SAV pour Charly. » Désormais, il ne reste plus à Pierre-Yves qu’à profiter des plaisirs de la retraite en compagnie de son épouse… « La pêche, le jardin, la cuisine… je prévois aussi de me remettre à la musique : plus jeune, je jouais du saxophone, mais pendant toutes ces années si vite passées, je n’ai pas trouvé le temps de pratiquer ! Nous allons aussi continuer de visiter la France, il y a encore de beaux endroits que nous aimerions découvrir, comme le sud-ouest. ». 

1SEDIMA : Syndicat National des Entreprises de Service et Distribution du Machinisme Agricole, d’Espaces Verts, et des Métiers spécialisés (élevage, irrigation, viticole-vinicole...)

Journaliste : Alexandre Coronel

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